Unpopular opinion : la tribune de Despentes n’est pas féministe, et elle a oublié Aïssa Maïga.

Lorsqu’elle parle de sa colère lors de la nomination de Polanski aux César, et lorsqu’elle décrit la réaction d’Adèle Haenel, avant qu’elle ne rejoigne les manifestantes devant la salle, les mots de V. Despentes décrivent la rage que nous avons toutes ressentie, notre dégout commun de ce « crachat au visage », et la puissance que nous avons puisé grâce à A. Haenel. Le reste du texte, pour nous : elle aurait pu s’en passer.

1/ Il est étonnant que, alors que V. D. cite les « individus » (pas les femmes non non) qui se sont rebellées, pas un mot sur Aïssa Maïga, qui a pourtant donné un coup de pieds dans la fourmilière toute blanche du cinéma français avec un discours courageux, où elle invitait à une plus grande diversité (sauf à celle de V. Cassel). C’était pourtant le premier grand moment politique de cette cérémonie. D’ailleurs, elle aussi s’est levée.

2/ Les violences sexuelles sur les enfants, ce n’est pas un problème de thunes ou des fameux « puissants » qui obsèdent l’autrice : c’est un problème de patriarcat. Il est fort probable qu’un pédocriminel, même « homme de ménage », ne voit jamais l’intérieur d’un tribunal, sauf s’il est racisé. Les violences sexuelles sur mineur.e.s concernent toutes les classes sociales, tous les milieux, et il est dangereux et irresponsable de prétendre le contraire. L’impunité des agresseurs ne vient pas du délire d’un cercle de puissants, mais de la culture du viol et de la domination masculine. Et c’est pour ça que dépolitiser le genre, comme le fait V. D. tout au long de sa tribune, au profit d’une unique lecture de classe sociale (et en « oubliant » complètement la moindre intersectionnalité) c’est être à côté de la plaque et c’est oublier les corps réels : ceux des hommes qui en avaient assez d’entendre parler « diversité », ceux des femmes pétrifiées par la violence, ceux des victimes qui se sont levées et celles qui n’ont pas pu.

Tribune de Despente : https://www.liberation.fr/…/cesars-desormais-on-se-leve-et-…

Intervention d’Aïssa Maïga : https://www.youtube.com/watch?v=5GbA0cWii80

Mise à jour et réponse aux critiques que nous avons reçu :

Nous n’avons jamais écrit que Virginie Despentes n’était pas féministe : nous avons écrit « LA TRIBUNE de Despentes n’est pas féministe », et c’est bien sur cette tribune que nous nous appuyons pour émettre une critique. Cela n’empêche que, encore une fois, la personne qui écrit ici connait bien le travail de cette autrice, merci de faire attention à la condescendance et aux présuppositions arrangeantes. De même, nous reconnaissons évidemment les qualités de ce texte et sa capacité de fédération. D’ailleurs, on n’a jamais dit le contraire.

 

Il n’est en aucun cas question de diviser ou d’opposer, bien au contraire : il s’agit de réfléchir collectivement à la forme de la lutte, à la construction de nos revendications, afin de les rendre les plus inclusives et rigoureuses possibles.

 

Faire une critique de cette tribune, c’est mettre en valeur des points importants sur lesquels nous pensons qu’il devrait y avoir débat, ce n’est pas condamner ni l’autrice, ni les personnes qui ont aimé cette tribune, ce n’est pas tout ou rien. Si on ne peut pas critiquer, on ne peut pas avancer collectivement.

 

Avant tout : NON, le féminisme n’est pas soluble dans la lutte des classes, ça a largement été prouvé. On postule qu’affirmer le contraire arrange bien plusieurs personnes, qui n’ont dans ce cas pas à considérer leur position de dominant, option donner des leçons de féminisme aux meufs. Pratique.

 


Cette tribune n’est donc, à notre sens, pas féministe, pour les raisons que nous avons déjà évoquées et que certain.e.s ont développé ici. Déjà parce qu’elle n’inclut pas le discours très fort et courageux d’une femme noire, Aïssa Maïga, qui n’est pas un oubli anodin puisque Virginie Despentes insiste sur la passivité du public. Elle réussit à faire un impressionnant grand écart entre Polanski et le 49.3, mais ignore le discours le plus audacieux de la cérémonie ? Les féministes blanches ont la responsabilité d’essayer de ne pas participer à l’invisibilisation des femmes noires.

 



Le second souci vient pour nous de son amalgame entre violences sexuelles et pouvoir économique, qui est une confusion dangereuse car ne permet pas de comprendre les dynamiques de domination sur lesquelles s’appuient les violeurs, des agresseurs qui ne sont pas, pour la plupart, des Polanski, mais des gens comme tout le monde. Dans les cas de violences sexuelles, les biais de classe dans les condamnations sont faibles (mise à jour : il y a bien une surreprésentation des classes défavorisées dans les condamnations juridiques pour violences sexuelles, qui n’est pas représentative de la réalité des délits mais correspond aux chiffres globaux de la justice). Ce qui compte ici, c’est la classe de genre, c’est l’impunité de la violence masculine. Se focaliser sur le pouvoir économique de Polanski et du monde du cinéma c’est encore altériser l’agresseur, c’est permettre de ne pas reconnaitre que c’est un problème d’ampleur qui touche l’intégralité des classes sociales.

 



Enfin, il y a plusieurs phrases qui semblent étranges dans une perspective féministe : « Il serait inutile et déplacé, dans un commentaire sur cette cérémonie, de séparer les corps de cis mecs aux corps de cis meufs. Je ne vois aucune différence de comportements. », « Quand Foresti se permet de quitter la fête et de se déclarer «écœurée», elle ne le fait pas en tant que meuf – elle le fait en tant qu’individu qui prend le risque de se mettre la profession à dos. », « La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. ». Dans ces extraits, la dépolitisation du genre est tellement flagrante qu’elle en vient à des affirmations plutôt osées : qu’est-ce qui lui permet d’affirmer que le genre de Foresti ne compte pas ? Son geste n’est pas plutôt à lire justement parce que, en tant que femme, elle aussi a subi la violence de cette nomination ? De même, si c’est bien une question de violences patriarcales, comme l’affirmerait une lecture féministe de l’évènement, pourquoi insister sur le fait qu’il ne s’agisse pas d’une différence entre hommes et femmes ? Si elle voulait vraiment englober l’ensemble des « dominés », où est passée Aïssa Maïga ? Nous savons très bien qui « confisque la narration » et qui « se lève et se casse en gueulant ».

 

Nous espérons pouvoir continuer à discuter sur ses points qui nous semblent importants, mais nous appelons à le faire dans le respect, y compris celui des membres du collectif.

 

Nous constatons cependant que le féminisme blanc n’est pas près d’avoir un regard réflexif sur ses grandes idoles : les réactions ici sont épidermiques, parce qu’il s’agit de Virginie Despentes et qu’elle est devenue une sorte d’icône. Ce même texte, publié comme un billet de blog par une inconnue, aurait probablement eu des retours beaucoup plus critiques et serait resté un billet de blog.

21 réflexions au sujet de « Unpopular opinion : la tribune de Despentes n’est pas féministe, et elle a oublié Aïssa Maïga. »

  1. bin ce que j’en dis, la, c’est que d’abord, oui, VD a omis de parler de Aissa Maiga, merci à vous d’en parler, parce personne d’autre à ma connaissance ne l’a fait non plus jusqu’ici. Mais de la à attaquer VD ou sa tribune, je trouve complètement contre productif. Il aurait suffit de rajouter vos remarques et contributions, sans dénigrer. L’oignon fait la farce, et la, cela donne juste l’impression que vous essayez de vous appuyer sur la popularité de cette tribune de VD pour faire entendre votre argument, à vous, moins populaires, et à ses dépens. C’est moche. Nous avons besoin de nous rassembler, pas de nous tirer dans les pattes. SIC

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    1. Le souci c’est que nous sommes ici dans ce féminisme obtus et contre-productif contemporain, ce fameux féminisme qui ne se remet jamais en question. Le ton est donné dès l’introduction, lorsque l’auteur referme le texte et la pensée en parlant de « toutes » sans y ajouter le « tous ». Les hommes sont, parce qu’ils sont hommes, directement exclus du raisonnement. Ils sont les ennemis, comme les femmes qui font du féminisme différent du leur.

      C’est un mal qui éclot en même temps que les nouvelles générations, et c’est dommage de constater que ces personnes ne se rendent même pas compte, et refusent d’admettre (voir la mise à jour de l’article) que la voie empruntée n’est pas forcément la bonne pour faire avancer les choses.

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  2. Bonjour un ouvrage intéressant sur la confiscation des droits et du pouvoir économique des femmes dans la transition de la féodalité au capitalisme « Caliban et la sorcière  » de Silvia Federici

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  3. bonjour sur la confiscation des droits et pouvoir économique des femmes dans la transition du féodalisme au capitalisme « Caliban et la sorcière » de Silvia Federici . Une hypothèse sur le lien intime entre patriarcat et main mise éco

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  4. Rha merci, ça me rassure de ne pas avoir été la seule à m’en rendre compte !

    Hier, j’écrivais à une amie : « Je pense que si cette tribune de Virginie Despentes parle à autant de gens, c’est parce qu’elle est exactement le contraire de subversive. Dans sa tribune, Despentes renvoie la faute de l’oppresion à une mystérieuse élite, des 1% qui seraient très loin de nous. Et ça, c’est quand même beaucoup plus confortable que de se dire que les oppresseurs sont 50% de la population – qu’ils ne sont pas loin, qu’ils sont très exactement le contraire de loin, puisqu’ils sont nos proches – que ce sont nos pères, nos oncles, nos frères, nos amis, nos maris, nos fils.
    Despentes créé le consensus car elle vient rassurer les femmes : le danger, ce sont ces hommes étranges, mythiques, distants, ces stars inaccessibles.

    Elle dit que si Polanski était homme de ménage il aurait été condamné, et que c’est sa richesse qui le protège. C’est faux. C’est juste faux. Les violeurs prolétaires ne vont pas en prison non plus. La richesse n’est qu’une aide supplémentaire dans l’impunité : la première défense, c’est d’être un homme. Prétendre que ce qui se passe avec Polanski est une histoire uniquement de classe sociale et pas de sexe est tout bonnement faux.

    Le conjoint de ma voisine l’a privée de ressources, gravement violentée devant ses enfants, il s’agit d’un immigré qui parle très mal français : il n’est pas en taule. Mon agresseur, dénoncé par 4 autres femmes en plus de moi, n’a pas été mis en examen, et pourtant ce n’est pas un réalisateur célèbre et distant, qui peut tirer des ficelles. C’est qu’il n’y a pas de ficelles à tirer pour bénéficier du patriarcat quand on est un homme : les protections sont absolument partout, à tous les niveaux de la société.

    Les femmes agressées dont j’ai entendu les témoignages n’ont pas été agressées par des stars : elles ont été agressées par des hommes de ménage, des profs, des maçons, des psys, des entraîneurs de sport, des syndicalistes, des comédiens, des docteurs, des cuisiniers, etc. Aucun d’eux n’est en taule. Aucun d’eux n’est inculpé. Aucun d’eux n’est mis face à ses actes : hommes de ménage ou réalisateurs bénéficient tous deux du patriarcat.

    Il me semble que Despentes nous ressort ici le bon vieux couplet de gauche comme quoi l’ennemi ce n’est pas le patriarcat, c’est le capital. Avec plus de style que les habituels mansplainers de gauche, il faut l’avouer.

    Par ailleurs, dans ce texte, Despentes commente (très bien) la sortie de Adèle Haenel, et puis en profite pour placer dans son texte qu’il n’est pas question d’hommes et de femmes – mais juste d’INDIVIDUS – face à la violence masculine des dominants. Franchement, je trouve ça assez choquant. Nous ne sommes pas des individus neutres face aux agressions ou à l’impunité des agresseurs.

    Quand elle dit « il ne fait pas sens dans cette salle de faire de différence entre les corps des femmes et les corps des hommes » : ok, je veux bien qu’il y ait des hommes ET des femmes complices, mais qu’on ne me fasse pas croire que l’impunité des agresseurs signifie la même chose pour les hommes et pour les femmes, que ce soit dans leurs esprits ou leurs corps. Un violeur laissé en liberté, pour une femme c’est le corps qui se tend, la peur dans le bide, les mâchoires qui se serrent. Il y a très peu d’hommes qui connaissent ce sentiment – alors que même les femmes complices le ressentent – et je suis choquée par le fait de prétendre que nous sommes tous et toutes sur un même plan face à la violence et à l’impunité masculine.

    Profiter de commenter une action féministe pour caler que « en fait dans cette situation, ça ne compte pas d’être un homme ou une femme » c’est quand même très fort en chocolat.
    Despentes exprime très bien la colère et le ras le bol des puissants, donc forcément ça fait écho en beaucoup d’entre nous, et je la rejoins sur cette expression. C’est sur le fond de l’analyse politique que je ne suis pas d’accord avec elle, car son message a des aspects qui sont littéralement anti-féministes ».

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  5. Bonjour,
    je suis très étonnée de lire la phrase (qui est également votre conclusion) suivante : « dans le cas des violences sexuelles, les biais de classe dans les condamnations sont faibles ». C’est FAUX, et c’est d’une violence inouïe de lire ça

    C’est justement parce que l’institution judiciaire ne condamne QUE les hommes issus des milieux populaires qu’il faut rappeler qu’en effet, le viol concerne absolument tous les milieux sociaux. Et elle ne les condamne pas parce qu’il y a plus de violeurs et d’agresseurs chez les pauvres, mais parce qu’on n’arrive pas à considérer que les « riches » puissent commettre des délits et des crimes, donc on les pardonne, on minimise (l’exemple typique c’est le petit bourge qui vend du shit, et qui ne se fera jamais arrêter, et si c’est le cas, on va se dire que c’est une simple erreur de jeunesse, pas un délit). Et donc ces agresseurs bourgeois ne passent jamais devant un tribunal, évidemment ils ne sont pas condamnés. Notamment dans les cas d’inceste, c’est dans les milieux bourgeois que la loi du silence prévaut le plus fortement, mais c’est aussi parce que quand l’enfant signale son cas, on va l’étouffer du début à la fin, du premier interlocuteur aux services sociaux. Un enfant de milieu populaire qui est victime, quand il l’exprime, la famille va avoir tous les services sociaux du département qui vont se mettre dessus. Pourquoi ? Parce qu’on considère que sa famille, en tant que famille pauvre, est forcément pathologique.
    Enfin sur ce long commentaire, j’espère que vous prendrez en compte cette remarque et pourrez modifier vos propos…

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    1. Bonjour,
      Nous avons (re)fais nos recherches, et effectivement il y a une surreprésentation des classes populaires dans les condamnations pour abus sexuels. Cependant, ces chiffres correspondent aux chiffres globaux de la justice, où comme tu le dis les personnes issus de classes sociales défavorisées sont beaucoup plus facilement condamnables par la justice ; nous postulons donc qu’il s’agit moins d’un constat sur les violences sexuelles en tant que telles, mais de la violence de classe ordinaire. Nous modifions donc cette affirmation un peu rapide.

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  6. Merci pour ce billet ! Cependant, si il est évidemment vrai que la pedocriminalité touche malheureusement toutes les classes sociales et tous les milieux, il n’est pas tout à fait exact de prétendre qu’un « homme de ménage » ne verra jamais l’intérieur d’un Tribunal, surtout si il est racisé. » C’est nier le travail de centaines de policier qui font de la pedocriminalité leur combat sans aucune distinction de classe ou de race quant aux victimes ou aux auteurs. Ma compagne est agent de police technique et scientifique en charge de l’analyse des données numériques et technologiques. En gros, elle mate et les images pedoporno qui peuvent constituer des preuves lors d’enquêtes de PJ (enquetes, faut il le rappeler, ouvertes dès qu’une plainte est déposée par des mineurs, des proches ou via des signalements). Le point sur lequel Virginie Despentes n’a pas tort c’est sur l’impunité des puissants. Un notable ou « puissant » pédophile doté de « relations » notamment dans le milieu politique et judiciaire aura sûrement plus de chance de ne pas voir la couleur d’un tribunal….

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  7. Ma première réaction en lisant le titre a été « oh non on va encore se taper les unes sur les autres ». J’ai commencé la lecture avec un sentiment négatif parce que Despentes a vraiment contribué à changer ma lecture du monde et à ce titre, je l’ai érigé en héroïne comme vous le dites, ce qui rend sa critique difficile. Mais les héroïnes peuvent aussi faire des erreurs parfois. Je ne suis pas d’accord avec vous sur tout, je trouve que Despentes a bien déroulé le parallèle entre puissants / pauvres. Les femmes ne sont pas les seules victimes de ce système patriarcal. Le viol n’a pas de couleur sociale certes. En revanche, ceux qui décident, font les lois, ont l’argent, ce sont les mêmes, ceux là qui écrasent tous les autres. Son texte a sûrement été écrit dans la colère et l’empressement, ce qui rend difficile la compréhension de certains passages qui auraient mérité d’être développé. En revanche, vous avez entièrement raison de dire que les féministes blanches doivent participer activement à visibiliser les femmes noires. A ce titre, je regrette que Virginie Despentes n’ait pas cité Aïssa Maïga. Elle aurait du être cité. Elle méritait de l’être. Et j’espère que Despentes s’en rendra compte et prendra acte de cette faute. Merci en tous cas pour votre texte, il est très bien écrit et pertinent. Vous avez raison d’en parler et en plus, vous le faites avec intelligence et sororité. Bon courage pour les commentaires agressifs et pénibles. Gardez en tête que bcp de femmes s’en énervent par peur de donner aux yeux des hommes une photographie fragilisée du féminisme en France. Mais elles ont tort, car comme vous le dites, c’est en débattant ensemble qu’on sera plus fortes.

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  8. Hello, oui c’est un billet féministe et même un billet de convergence des luttes. A savoir l’impunité des puissants dans la domination. La réflexion est la suivante à quoi cela sert d’être féministe si on reste dans le groupe des dominés ? Les même droits que les hommes certes, mais le même droit que les hommes dominées. En cela c’est un billet de convergence des luttes.
    On oubli, j’ai moi aussi tendance à oublié les féministes orientales et les féministes noires américaine et les féministes hispanophone. Tout comme j’ai de la peine à nuancer les cause féministes au Zaïre ou à Abidjan qui ne sont pas les même.
    La tribune de Despente est autant féministe qu’elle est anti-capitaliste. Oui on oubli les autres formes de féminisme, peut-être elle-même décide-t-elle de ne pas faire de différenciation entre « Angela Devis » et « Paola Tabet ». Il faudrait lui demander directement. Mais de là à dire que cette tribune n’est pas féministe parce qu’elle ne fait pas mention des autres formes de féminisme, c’est trop violent et injustement dit.

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  9. « Le stade ultime du capitalisme, depuis toujours, c’est le fascisme. Et la prochaine crête se rapproche. »
    Je suis d’origine Amérindienne, du Nord de l’Argentine. Plus précisément de la province de JUJUY.
    Mon milieu social était totalement « désclassée » dans le sens, que mon père, ma famille étant d’origine Amérindienne n’ont « pas pu rentrer dans le système capitaliste d’exploitation » toute de suite. Ni dans la division sociale de classe, ni celle du travail. Nous appartenions aux travailleurs assimilés aux « hirondelles » à la marge. . Ensuite mon père et toute ma famille nous nous sommes sédentarises. Papa avait trouvé un emploi de technicien, dans les grandes explotations de la grande Oligarchie terrienne et criminel, il reparait leurs machines agricoles. Aujourd’hui, je fais une analyse de classe sociale, pas pour « sauver » les prolétaires violeurs, mais pour comprendre, la domination idéologique, économique, politique à laquelle nous sommes formatés, depuis notre tendre enfance, ici et la bas.
    Rappelez vous, ce sont les femmes dans diverses cultures qui sont chargés de transmettre la culture d’origine du groupe social à laquelle elles appartiennent. Toute mon enfance j’ai entendu des femmes dires aux filles, ne fait pas ceci, ne fait pas cela, « tu n’est pas un garçon » etc…Souvent, ce sont les idéologies des cultures dominantes qu’elles transmettent. C’est à dire, celle de la culture patriarcale capitaliste de ce 1%. Je continu à me battre contre les multinationales qui tuent tous les jours en Amérique, des femmes et des hommes, des enfants dans leur territoire. Je vous laisserais un article à ce sujet.
    http://cocomagnanville.over-blog.com/2014/06/amerique-latine-le-feminisme-reactive-la-lutte-contre-l-exploitation-des-ressources-naturelles.html
    Amitiés feministe et libertaire

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  10. J’entends votre critique. Je pense cependant que patriarcat et société néolibérale sont intrinsèquement liée et en ce sens sa tribune a une profonde résonance féministe. Ses notions se sont construites parallèlement et sur les même ressorts, notamment le besoin de domination des corps et des ressources. En ce sens la critique de Virginie Despentes ne m’a pas choquée, dans le contexte des Césars. Maintenant le manque d’intersectionnalité est effectivement juste, et j’avoue ne pas avoir compris le besoin de de dégenrer les « individus ». Mais merci pour votre votre analyse complémentaire et bienvenue.

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  11. Bonjour
    Merci pour votre article et mieux encore vos arguments face à ce qui fait discussion. Moi aussi j’étais assez effarée de ne rien lire sur la posture d’Aïssa Maïga qui pr le coup était franchement courageuse.
    J’aurai bien aimé vous suivre davantage et connaître un peu mieux vos horizons féministes.
    Merci

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  12. Quand Le corrige est plus long que le texte initial, c’est un bon signe qu’on a dit une connerie! Trop d’ego, trop peu de fond.

    Faites mieux.

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  13. Bonjour !
    C’est peut-être un commentaire un peu hors-sujet, mais je me suis senti un peu mal à l’aise face à quelques écrits de ce billet.

    Je m’explique, j’ai un corps d’homme et je me définis comme un homme sauf que j’ai moi aussi ressenti une grande violence face à ce César.
    J’ai eu le sentiment, après cette cérémonie, que mon corps venait d’être insulté et c’est là-dessus que je comprends l’universalisation des genres de V. D autour de la notion d’individus.

    Je ne connais pas grand chose en littérature féministe et je ne suis donc peut-être pas en mesure de saisir certaines nuances ou définitions mais j’ai le sentiment que la violence patriarcale se vit pour tout les genres au quotidien, que finalement cette notion de patriarcat ou de masculinité n’est pas à associé à un genre mais à une « idéologie » qui trouve partisants chez n’importe quel genre et n’importe quelle classe sociale.
    C’est sous cet angle que j’ai lu la tribune de V. D

    J’espère ne pas avoir dit un lieu commun gigantesque ou des mots trop violents, si c’est le cas c’est avant tout par ignorance et je serai ravi que l’on m’explique les nuances 🙂

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  14. Est-ce que la lutte des femmes n’est pas aussi une lutte des classes, est-ce que la lutte des « races » n’est pas aussi une lutte des classes ?
    Honnêtement je ne suis pas sûr de comprendre le sens du terme « intersectionnalité » qui fleurit partout, mais ce qui est sûr c’est que le découpage de notre société en classes n’a rien d’unidimensionnel mais souvent les classes se constituent autour d’un mode de domination. Les puissants sont les riches, ils peuvent être les hommes dans une société patriarcale, elles peuvent être des femmes parfois (et entre autres dans le milieu du spectacle), des adultes par rapport aux enfants, le professeur par rapport à ses élèves, etc…
    L’exigence d’égalité est d’abord une exigence d’universalité (principes de la République française) et pas le résultat de l’intersection de combats fragmentaires (morale individualiste anglo-saxonne).

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  15. Je m’abstiendrai de commenter sur Aïssa Maïga, que je ne connais pas et dont le discours m’a paru bien confus pour qui n’appartient pas à ce microcosme et ne lit pas les magazines people. Pour ma part, je n’ai aucune envie, en tant que racisée, de voir plus de Noir.e.s participer à ces orgies grotesques et révoltantes à tout point de vue. Non, on ne change pas le système « de l’intérieur », ce n’est jamais arrivé, ça n’arrivera jamais. Demandons à Romain Goupil ce qu’il en pense, tiens ?

    Après enquête sur les moteurs de recherche, il s’avère que Despentes a doublement raison s’agissant de Cassel (dont elle n’a pas parlé non plus ou alors ça m’a échappé), qui, « fils de » et ancien élève de l’internat de Sophia Antipolis (je vous laisse vous renseigner sur les tarifs de ce lycée « public » réservé précisément aux « fils de »), peut tranquillement se répandre dans les magazines à propos de l’évolution de son « tableau de chasse » : d’abord les asiatiques, ensuite les « beurettes », etc., tout le monde, toujours dans ce même milieu de merde, lui déroulera le tapis rouge. Si un inconnu tenait ce discours en public, il serait immédiatement classé parmi les prédateurs beaufs et racistes. Mais pas Cassel, non, non, non. Pas Kassovitz, non, non, non.

    Alors, certes, les riches ne sont pas les seuls à violer, ça se saurait, et le patriarcat précède la classe (et la poule et l’oeuf…) etc. Mais il se trouve que les privilèges ne s’excluent pas mais se cumulent (duh !). Ainsi, les privilèges mâle, blanc, artiste/intellectuel/réalisateur qui font de vous un être riche et puissant, sont autant de passe-droits desquels ne jouissent pas le violeur basané ou SDF du coin, si j’ose dire (suffit de voir la condamnation du connard qui avait giflé cette fille devant un bistrot et de la comparer, au hasard, aux suites inexistantes données à la plainte pour violence déposée contre Piketty…).

    Il y a une énorme difference entre le poivrot sadique qui massacre des palombes le dimanche et le sac à merde qui dégomme des loups, des lions ou des éléphants au fusil à lunette du haut de son hélicoptère, comme un certain Stern, tabasseur et violeur de femmes à ses moments perdus, et justement exécuté par sa « compagne » après des années de sévices. Qui a été condamné ? Bah la compagne.

    Ni le violeur SDF ni le poivrot sadique ne recevront jamais de prix, jamais ils n’auront la possibilité de se comparer à Dreyfus, à Mandela, Gandhi ou je ne sais qui, jamais ils n’auront l’occasion de se pavaner à la télé en racontant que tout le monde les envie parce qu’ils se tapent des gamines de 14 ans, qu’on ne peut plus rien dire, qu’on est harcelé par les féminazies.

    Ce que souligne Despentes, c’est le point commun entre ces récompenses et les discours de Macron (et d’autres), le 49-3, etc. Macron n’a jamais pris la peine de construire une phrase avec sujet-verbe-complément pour s’adresser à la plèbe : le roi est nu et cette fois-ci, il le sait et il en est fier, il se pavane la bite à l’air devant nous. S’habiller, c’est pour les gueux, plus d’hypocrisie, de fausses excuses, de dénégations : nous ne méritons pas cet effort de sa part, il nous crache à la gueule et nous piétine comme des insectes, comme des microbes. Nous n’existons plus.

    Le pouvoir, que ce soit le patriarcat ou le fric, c’est le pouvoir de faire souffrir. Point barre. Pas la peine de chercher la petite bête et les « oui, mais », le seul reproche qu’on peut faire à Despentes (qui sait admirablement se couler dans la peau des pires ordures), c’est : Non, on ne se lève pas et on se barre. On se lève et on tire dans le tas, sans pitié.
    Sachant que ça ne marchera pas, on l’a vu avec Stern : même morts ces ordures se reproduisent.

    C’est parfaitement inutile d’aller chercher le « oui mais » dans ce texte de Despentes

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  16. Ah, cette Despentes, définitivement pas assez misandre !
    Si on parle de pouvoir de classe, on ne nie pas pour autant le pouvoir de genre, c’est évidemment des hommes qui violent, et évidemment des femmes qui s’indignent. Pourquoi ne l’a-t-elle pas écrit dans cette tribune ? Peut-être parce qu’en l’occurrence, la cible était ce milieu social de dominants qui contrôle la culture. Une question de classe plus que de genre donc. Elle a au moins eu l’élégance, en évitant d’insister sur la problématique du genre, de ne pas évoquer la masse de femmes complices ou alliées de la barbarie patriarcale, protégeant elles aussi leurs position de classe.
    Alors oui, elle aurait pu faire plus long, plus complet, plus inclusif, plus intersectionnel. Mais si elle l’avait fait, elle ne serait pas qui elle est. Un cri de rage.

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